Cliquez ici pour faire un don à ZENIT .
Voir ce courriel dans votre browser.

La paix du pape François, rencontre avec des prêtres d’Argentine

Sergio Mora  |  08/03/16
Habemus Papam, 13 mars 2013,Capture CTV

Les membres du Collège sacerdotal argentin de Rome ont été reçus par le pape François courant janvier, à l’occasion de la visite pastorale des évêques de la Commission épiscopale des ministères, de la Conférence épiscopale (CEMIN).

Pendant cette rencontre, qui a duré plus d’une heure, un dialogue « informel, chaleureux et profond » s’est noué entre l’évêque de Rome et les évêques et les prêtres argentins: le pape a confié être habité par « la paix » depuis son élection, il y aura dimanche trois ans, le 13 mars 2013.

Dans une interview accordée à Zenit, le recteur du Collège sacerdotal, le p. Angel Hernandez, a souligné l’atmosphère de sincérité dans laquelle s’est déroulé la rencontre. Le pape a d’abord rappelé que le Jubilé de la miséricorde était une inspiration du Saint-Esprit. Il a invités ses hôtes à être « vraiment des pères », quand ils entendent les confessions et il les a aussi exhortés à « être des pasteurs » où qu’ils soient. Il les a aussi alertés sur les risques du « pélagianisme » – volontarisme hérétique inspiré par le moine Pélage – et du « gnosticisme ».

Au sujet de la réforme actuelle de la curie romaine, le pape a expliqué qu’en dépit de ce qu’affirment certains médias, il y a de nombreux saints dans l’Église d’aujourd’hui et à la curie. Il a ajouté qu’il se sentait toujours « en paix », une paix qu’il a reçue dès le jour de son élection et qui ne l’a jamais quitté au milieu des difficultés.

Zenit – Quelle a été l’atmosphère de votre rencontre avec le pape François?

Père Hernandez – Sans discours ni paroles formelles, après les salutations et les photos, nous sommes entrés directement dans une conversation riche sur différents sujets. Il régnait une atmosphère de sincérité, simple et intime, où l’humour, les questions d’ordre plus personnel et un esprit de joie et de communion n’ont pas manqué.

Quel est le premier sujet que le pape a abordé ?

Le premier a été le Jubilé de la miséricorde qui a commencé récemment dans le monde entier. Le pape François a souligné que la genèse de cet évènement extraordinaire était ce qu’il considère comme une véritable inspiration de l’Esprit, jaillie au cours de sa prière personnelle et confirmée dans des conversations avec certains de ses conseillers.

Parallèlement, il a souligné que c’était un approfondissement du chemin déjà indiqué par Paul VI et accentué par Jean-Paul II avec son encyclique Dives in Misericordia, la canonisation de Faustine Kowalska et l’institution de la Fête de la Divine Miséricorde le second dimanche après Pâques, ainsi que d’autres options qu’il a prises.

Qu’a-t-il dit concrètement sur le Jubilé ?

Comme d’habitude avec le pape François, son regard universel s’est penché sur des questions pastorales très concrètes, en particulier son souci pour le ministère de la réconciliation. Il a souligné la nécessité pour les confesseurs d’avoir profondément conscience d’être des instruments de la miséricorde, d’être sains humainement et disposés à recevoir à tout moment un pénitent, de sorte qu’il ressente toujours dans son cœur qu’il est le bienvenu, même dans les cas où, pour différentes raisons, il ne peut pas recevoir l’absolution. En un mot, le pape a affirmé que le confesseur est appelé à être un véritable père dans la rencontre sacramentelle.

J’imagine qu’on lui a posé des questions ?

Les questions des membres du Collège avaient à voir avec la vie des prêtres et la mission qui les attend à leur retour dans leurs diocèses, quand ils auront terminé leurs études dans la Ville éternelle. Le pape a souligné que ce qui était important était qu’ils « soient pasteurs » là où ils sont et dans la tâche qu’ils ont à mener, que ce soit dans une activité académique, dans les séminaires ou dans les tribunaux où ils exercent leur ministère. Il a rappelé le noyau du ministère apostolique dans les Actes, valide aussi pour les prêtres : « la prière et la proclamation de la Parole ».

Quels sont les défis et les risques qu’il a signalés ?

À propos des défis actuels pour l’Église, le pape a dit qu’il existe aujourd’hui deux risques représentés par de vieilles hérésies qui sont encore actives : le pélagianisme et le gnosticisme. Le premier est perçu en particulier quand on est poussé à restaurer une situation qui n’existe plus mais qui, en réalité, dénote une fragilité intérieure dans la manière de vivre sa foi. Cette restauration cache en général une mondanité spirituelle, un réel danger pour le croyant. Il est nécessaire, a rappelé le pape aux prêtres du Collège, de faire la distinction entre le monde et l’esprit du monde, afin de ne pas se cacher la réalité, mais aussi de ne pas perdre ce qui fait de nous des chrétiens, en gardant la prière du Seigneur à son Père : « Je ne te prie pas pour que tu les retires du monde, mais pour que tu les gardes du Mauvais » (Jn 17,15).

Ont-ils dit au pape qu’il était très aimé ?

Les prêtres lui ont exprimé l’affection et la prière des gens de leurs diocèses respectifs et de tous ceux qui les avaient chargés de saluer le pape de leur part. Le pape François les a remerciés pour ce geste et, comme il le fait d’habitude, il a exprimé combien il avait besoin de la prière de chacun et tout le bien que lui fait un contact quotidien avec les gens, aujourd’hui en particulier et lors des messes qu’il célèbre presque tous les jours à Sainte Marthe. Il a dit : « Cela me fait du bien d’être avec les gens ».

A-t-il dit quelque chose au sujet des causes de béatification en cours ?

Oui, il a mentionné deux Argentins dont les procès de béatification et de canonisation sont en cours, Mère Antula et Frère Brochero ; les miracles qui leur sont attribués viennent d’être approuvés par la Commission médicale de la Congrégation des saints [ce qui est fait depuis, ndlr].

A-t-il évoqué Vatileaks et la réforme de la curie ?

À propos de certains évènements qui ont eu un impact médiatique particulier, il a conclu en disant qu’en dépit de ces cas, aujourd’hui, « il y a beaucoup de saints dans l’Église et ici (à la curie), il y a des saints ». C’est l’opposé de ce que les médias soulignent.

Et sur sa vie quotidienne ?

En parlant des nombreux défis et responsabilités auxquels il doit faire face quotidiennement, il a dit qu’il était toujours « en paix », une paix qui l’accompagne depuis le jour de son élection et qui ne l’a jamais quitté au milieu des difficultés, des réalisations, des peines et des joies quotidiennes dans l’exercice de son service apostolique. « Je suis dans les mains de Dieu » a été l’une de ses dernières paroles avant de conclure une rencontre vraiment familiale et amicale.

Traduction de Constance Roques


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

Des Orthodoxes demandent pardon à l’Eglise grecque-catholique ukrainienne

Anita Bourdin  |  08/03/16
Antoine Arjakovsky, arjakovsky.blogspot.com

« Nous leur demandons humblement pardon pour toutes les injustices dont ils ont été victimes sous couvert de l’autorité de l’Eglise Orthodoxe, et nous nous inclinons devant les martyrs de cette Eglise grecque catholique ukrainienne », déclare une tribune signée par des personnalités orthodoxes – 18 à ce jour – et intitulée : “Il est urgent pour les chrétiens orthodoxes de reconnaître la terrible vérité du 10 mars 1946”.

Elle est diffusée en plusieurs langues à l’occasion du 70e anniversaire du pseudo « Synode de Lviv », du 10 mars 1946 et elle a été communiquée à Zenit par l’un des signataires, Antoine Arjakovsky, auteur de « Qu’est-ce que l’Orthodoxie ? » Il est directeur de recherches au Collège des Bernardins à Paris et directeur émérite de l’Institut d’Etudes Œcuméniques de Lviv, en Ukraine.

« En ce jour commémoratif du 10 mars 1946, et à la veille du dimanche 13 mars 2016, dimanche du Grand Pardon dans le calendrier liturgique orthodoxe, nous assurons l’Eglise grecque catholique ukrainienne de notre solidarité, de notre prière pour toutes les victimes innocentes de cette Eglise, qui furent emprisonnées, torturées, déportées et assassinées par le gouvernement soviétique avec la complicité du patriarcat de Moscou », déclare le collectif.

Parmi les cosignataires, les pères Georges KovalenkoAndré Doudtchenko, Michael Plekon, Christophe Levalois, André Louth, la poétesse et universitaire russe Olga Sedakova, l’historien Antoine Arjakovsky, les philosophes Bertrand Vergely et Constantin Sigov, le président de l’Acer-Mjo Cyrille Sollogoub, l’écrivain américain Jim Forest, l’universitaire Daniel Struve, et d’autres.

Le film d’Antoine Arjakovsky (en anglais, version russe) explique l’histoire du « pseudo-synode » du 10 mars 1946.

Par ailleurs, le métropolite Hilarion de Volokolamsk , du Patriarcat de Moscou, a appelé “de ses vœux” les “efforts communs des orthodoxes et des gréco-catholiques” ukrainiens pour dépasser une “hostilité historique” dans LOsservatore Romano du 4 mars.

A la veille de cet anniversaire, le Synode gréco-catholique ukrainien s’est réuni à Rome et le pape François a adressé à cette Eglise un message dans lequel il exprime sa « profonde gratitude », rendant hommage aux martyrs.

A.B.

TRIBUNE

Il est urgent pour les chrétiens orthodoxes de reconnaître la terrible vérité du 10 mars 1946

Le 10 mars 1946, à Lviv, l’Eglise Orthodoxe de Russie a intégré de force l’Eglise grecque catholique ukrainienne en son sein sous la pression du pouvoir soviétique. Au moment où les participants au synode votèrent les 8 et 9 mars pour la « réunification » de leur Eglise au patriarcat de Moscou tous les évêques grecs catholiques ukrainiens se trouvaient en prison sous les verrous. Les 216 prêtres et 19 laïcs réunis à la cathédrale Saint Georges de Lviv par le NKVD, ancêtre du KGB, étaient à la merci d’un « groupe d’initiative » conduit par deux évêques orthodoxes Antony Pelvetsky et Myhailo Melnyk et par un prêtre orthodoxe Gavril Kostelnyk. Les archives révèlent que c’est Staline lui-même qui décida de l’élimination de cette Eglise grecque catholique ukrainienne en février 1945 douze jours après la conférence de Yalta tenue en compagnie de Winston Churchill et Franklin D. Roosevelt.

Les historiens et théologiens sérieux n’émettent aucun doute sur le fait que le synode de Lviv des 8-10 mars 1946 de l’Eglise grecque catholique ukrainienne ne fut qu’un simulacre. Bohdan Bociurkiw, qui fut professeur d’histoire à l’université Carleton d’Ottawa, a écrit une somme à ce sujet qui n’a jamais été contredite.[1] Le pape Benoît XVI a parlé en 2006 d’un « pseudo-synode » ayant « porté gravement atteinte à l’unité ecclésiale ».[2] Nicolas Lossky, théologien orthodoxe français membre du patriarcat de Moscou, a reconnu lui aussi qu’il s’agissait d’un simulacre.[3] A cause de sa suppression en 1946 et jusqu’en 1989, l’Eglise grecque catholique, forte de plus de 5 millions de membres en Ukraine, devint de facto, la principale victime mais aussi la principale force d’opposition au régime soviétique à l’intérieur des frontières de l’URSS. [4] Aussi nous appelons les autorités orthodoxes actuelles, en Russie, en Ukraine et ailleurs, à reconnaître la nullité des décisions tragiques du concile de Lviv.

L’Eglise Orthodoxe de Russie dans son ensemble ne peut pas être tenue responsable de décisions prises par des autorités ecclésiastiques manipulées ou terrorisés par le NKVD-KGB. Cependant nous, chrétiens orthodoxes, vivant 70 ans après les événements, nous nous sentons responsables du silence coupable qui entoure la destruction de cette Eglise par le régime soviétique avec la participation du patriarcat de Moscou. Nous savons que des millions de chrétiens orthodoxes dans le monde condamnent fermement les persécutions anti-religieuses du gouvernement soviétique et de Joseph Djougachvili en particulier. Aussi, en ce jour commémoratif du 10 mars 1946, et à la veille du dimanche 13 mars 2016, dimanche du Grand Pardon dans le calendrier liturgique orthodoxe, nous assurons l’Eglise grecque catholique ukrainienne de notre solidarité, de notre prière pour toutes les victimes innocentes de cette Eglise, qui furent emprisonnées, torturées, déportées et assassinées par le gouvernement soviétique avec la complicité du patriarcat de Moscou.

Nous leur demandons humblement pardon pour toutes les injustices dont ils ont été victimes sous couvert de l’autorité de l’Eglise Orthodoxe, et nous nous inclinons devant les martyrs de cette Eglise grecque catholique ukrainienne.

NOTES

[1] Bohdan Bociurkiw, The Ukrainian Greek Catholic Church and the Soviet State (1939-1950), Canadian Institute of Ukranian Study Press, 1996 ; cf aussi B. Bociurkiw, « Le synode de Lviv », Istina, XXXIV, n°3-4, 1989.

[2] « Lettre du pape Benoît XVI au cardinal Lubomyr Husar du 22 février 2006 », Istina, n°2, 2006, p. 193.

[3] Commission mixte de dialogue théologique entre catholiques et orthodoxes, Catholiques et orthodoxes : les enjeux de l’uniatisme : Dans le sillage de Balamand, Paris, Bayard, 2014.

[4] Antoine Arjakovsky, En attendant le concile de l’Eglise Orthodoxe, Paris, Cerf, 2013.


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

«Notre cœur peut être le berceau ou le tombeau de Dieu», avertit le père Ronchi

Marina Droujinina  |  08/03/16
Retraite de carême 2016 à Ariccia, L'Osservatore Romano

«Notre cœur peut être le berceau ou le tombeau de Dieu», avertit le père Ermes Ronchi, selon Radio Vatican.

Il a présenté ce mardi matin 8 mars la quatrième méditation de la retraite spirituelle prêchée au pape François et à la curie romaine, à la Maison du Divin Maître, à Ariccia, depuis dimanche soir et jusqu’à vendredi matin.

Le père Ronchi, a souligné que les gens demandent aux prédicateurs : «Donne-moi ton expérience de Dieu». Le Christ, a-t-il poursuivi, «n’est pas ce que je dis de Lui, mais ce que je vis de Lui».

Si le Christ est «vivant à l’intérieur de nous», nous pouvons affirmer avec apôtre Pierre que le Christ est «le Fils du Dieu vivant ».

La vie d’un chrétien « coûte un prix tenace d’engagement et de persévérance », a expliqué le prédicateur, mais « le rêve de Dieu n’est pas un interminable cortège d’hommes, de femmes et d’enfants, chacun avec sa croix sur les épaules ». Il voudrait voir « des gens en chemin vers une vie bonne, heureuse et créative ».

La vie chrétienne a « aussi un prix doux, de lumière, a-t-il conclu : « le troisième jour, Il ressuscitera »»

Le père Ronchi a insisté que l’Église ne devrait pas allumer « les projecteurs sur elle-même, mais sur un Autre ». « Nous en avons, du chemin à faire : diminuer », «se mettre à l’écart», a-t-il ajouté.

Il a fait observer: « Nous ne sommes pas, nous, des médiateurs entre Dieu et l’humanité, le vrai médiateur, c’est Jésus».

En commentant le passage de l’Évangile dans lequel Pierre professe sa foi dans le Christ, le prédicateur a souligné qu’il fallait ouvrir son cœur pour comprendre qui est le Christ: «Vous voulez vraiment savoir quelque chose de moi, dit Jésus, et en même temps quelque chose de vous ? a continué le père Ronchi avant d’ajouter: «Paul a raison : le christianisme est scandale et folie. Maintenant nous comprenons qui est Jésus : il est un baiser à celui qui le trahit. Il ne rompt personne, il se rompt lui-même. Il ne verse le sang de personne, il verse son propre sang. Il ne sacrifie personne, il se sacrifie lui-même.»

Le Christ, a souligné le père Ronchi, « cherche des personnes »: « Pas des définitions, mais des implications : « Qu’est-ce qui t’est arrivé, quand tu m’as rencontré ? » « Et moi, je voudrais pouvoir répondre, a continué le prédicateur : « Te rencontrer a été le meilleur événement de ma vie ! Tu as été la meilleure chose qui me soit arrivée.»


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

Cas Galilée: dossier de l’Université de la Sainte-Croix

Anita Bourdin  |  08/03/16

Un dossier consacré à la publication du Décret de 1616 sur le copernicianisme, promulgué par la Congrégation de l’Index des livres interdits, a voulu mettre en lumière des détails importants du cas Galilée, à l’occasion du IVème centenaire de ce décret, samedi dernier, 5 mars 2016.

Le centre de recherche « Documentation interdisciplinaire de science et foi » (DISF) de l’Université pontificale de la Sainte-Croix le propose en ligne ici.

Le cas Galilée et la question copernicienne ont marqué les derniers siècles, avec un grand nombre de prises de position en la matière et d’études, indiquent les promoteurs de l’initiative.

Aujourd’hui encore, il s’agit d’un thème « d’une grande actualité avec des prolongements scientifiques, historiques, philosophiques et religieux », jusqu’à devenir parfois el’image de la problématique du dialogue entre science et religion ou, carrément, le symbole d’une difficulté constitutive de l’Église à se situer par rapport aux sciences, estime la même source.

Le dossier cherche à répondre à certaines questions qui, aujourd’hui encore, se posent de manière urgente : sommes-nous certains d’avoir compris la vérité des faits de cette très délicate histoire ? Le cardinal Bellarmino a-t-il effectivement interdit à Galilée de mener son activité scientifique ? Certaines « vérités » sur ce cas semblent encore confuses aujourd’hui, au détriment de l’objectivité. L’inscription des livres coperniciens à l’Index des livres interdits fut-elle une condamnation doctrinale et dogmatique ? Une analyse attentive du texte du Décret de l’Index semble révéler de nouveaux détails…

Pour offrir de nouveaux éléments de réflexion aux chercheurs et à ceux qui s’intéressent à l’aventure de Galilée, le dossier dédié de la page d’accueil de disf.org propose la lecture intégrale du Décret de l’Index dans sa traduction italienne, ainsi que deux études d’experts du « cas Galilée ».

Le commentaire historique et philosophique de Rafael Martinez, intitulé Ce qu’il savoir sur le Décret de 1616 (« Cosa c’è da sapere sul Decreto di 1616 ? »).
L’article de Luca Arcangeli, À la racine du Décret de 1616 : la lettre de Roberto Bellarmino à Paolo Foscarini (« Alle radici del Decreto del 1616: La lettera di Roberto Bellarmino a Paolo Foscarini »).

Un texte extrait de l’Apologia per Galileo, publié par Tommaso Campanella la même année (1616), suggère finalement une relecture des pages du classique d’Annibale Fantoli, Galilée, pour les théories coperniciennes et pour l’Église (« Galileo, per il copernicanesimo e per la Chiesa », 2010).

Ce dossier dédié se conclut par une bibliographie spécialisée, utile pour continuer d’approfondir cette affaire « si importante pour les rapports entre science, histoire et religion ».

Traduction de Constance Roques


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

Presse catholique: servir la vérité des faits, par le card. Parolin

Marina Droujinina  |  08/03/16
Cardinal Pietro Parolin

« Servir la vérité des faits » et « les personnes qui n’ont pas de voix » : c’est l’invitation faite par le cardinal Parolin à la presse catholique italienne, rapporte Radio Vatican.

Le secrétaire d’État du Saint-Siège est intervenu, samedi 5 mars, au congrès national de l’Union de la presse catholique italienne, qui avait choisi pour thème cette année : « Les défis du journalisme au temps du pape François ».

Le cardinal a souligné que « donner la parole à ceux que l’on n’entend pas » c’est la « mission la plus noble du journalisme ».

Il a également précisé que les mots n’étaient jamais « neutres » : ils « orientent la compréhension et influent sur les comportements ».

En citant les discours des papes Benoît XVI et François sur la communication à l’ère des réseaux sociaux, le secrétaire d’État a souligné que « sur internet, la tâche du journaliste n’était pas d’arriver premier, mais d’arriver mieux ».

Mgr Parolin a rendu hommage au rôle de l’Union de la presse catholique italienne dans le contexte du dialogue entre l’Église et le monde, voulu par le concile Vatican II.

Il a fait observer que l’une des tâches de l’Union est d’offrir une « vision chrétienne rénovée » de la communication : cet engagement « mettra en valeur votre laïcité et votre indépendance », toujours selon la même source.


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

Mexique: effondrement du toit d’une cathédrale, proximité du pape

Matthieu Gourrin  |  08/03/16
Le pape François devant l'image de la Vierge de Guadalupe

Le pape François a exprimé son émotion après l’effondrement du toit d’une cathédrale en construction, à Tuxtepec, au Mexique, le 3 mars, annonce Radio Vatican.

Le pape a adressé un message de condoléances à Mgr José Alberto Gonzalez Suarez, l’évêque de Tuxtepec, signé par le cardinal Secrétaire d’État, Pietro Parolin.

Le pape François, « vivement peiné par la nouvelle douloureuse de l’accident qui s’est produit dans la construction de la nouvelle cathédrale, qui a occasionné des victimes, offre ses prières pour le repos éternel » des victimes.

Il a aussi demandé à Mgr José Alberto Gonzalez Suarez de transmettre ses condoléances aux familles endeuillées et sa proximité aux blessés et aux personnes affectées par cet « événement tragique ».

Le toit d’une cathédrale en construction s’est effondré jeudi 3 mars vers 16h, faisant 4 morts et 18 blessés parmi les ouvriers.

La Conférence épiscopale du Mexique a exprimé son émotion, confiant les victimes et leurs proches à la la prière de Vierge de Guadalupe, indique la même source.


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

Semaine Sainte 2016: célébrations du pape François

Marina Droujinina  |  08/03/16
Colisée, Chemin de Croix du Vendredi Saint 2015, Capture CTV

Le Saint-Siège publie le calendrier des célébrations pascales présidée par le pape François du 20 au 27 mars.

Il ne communique par le lieu de la célébration de la Cène du Seigneur.

La nuit de Pâques, le pape baptisera des adultes.

Les livrets des célébrations seront accessibles sur le compte Twitter du Bureau des célébrations liturgiques pontificales (UCEPO).

Dimanche des Rameaux, 20 mars

Le pape ouvrira la Semaine Sainte le 20 mars, Dimanche des Rameaux et de la Passion, en présidant la procession rappelant l’entrée du Christ à Jérusalem, à 9h30, place Saint-Pierre. Il bénira les rameaux et il célébrera la messe de la Passion.

Le dimanche des Rameaux est aussi la date de la XXXIe Journée mondiale de la Jeunesse, sur le thème, jubilaire : « Heureux les miséricordieux, car ils obtiendront miséricorde» (Mt 5, 7).

Jeudi Saint, 24 mars

Le pape François présidera la messe chrismale à 9h30 en la basilique vaticane, avec les cardinaux, les patriarches, les archevêques, les évêques et les prêtres (diocésains et religieux) présents à Rome.

Le calendrier n’indique pas où le pape François ira, le soir du Jeudi saint, présider la messe de la Cène du Seigneur qui rappelle l’Institution de l’eucharistie et du sacerdoce, avec le rite significatif du Lavement des pieds.

Vendredi Saint, 25 mars

Le pape célébrera la Passion du Seigneur, en la basilique Saint-Pierre, à 17h. La célébration comprend trois temps : la liturgie de la Parole, l’Adoration de la Croix et le rite de la communion : il n’y a pas de messe le Vendredi saint.

Le Vendredi Saint, ce n’est pas le pape qui tient l’homélie, mais le Prédicateur de la Maison pontificale, le P. Raniero Cantalamessa, ofmcap

En soirée, il présidera le Chemin de croix, qui partira du Colisée à 21h15 : une célébration transmise en mondovision.

Cette année la rédaction des méditations a été confiée par le pape François au cardinal Bassetti : il évoquera, au long de la méditation des 14 « stations » de la Passion et résurrection de Jésus, la « passion » de l’humanité d’aujourd’hui, la famille et les persécutions, et le thème jubilaire du pardon.

Le cardinal a confié vouloir être attentif « à ce qui est en train d’advenir dans le monde, surtout dans les lieux dans lesquels on souffre de la guerre ou de la pauvreté, et où est violée quotidiennement la dignité de la personne humaine, parce que Jésus vit sa Passion personnellement, mais la revit aussi dans l’humanité ».

La croix sera portée par des représentants de ces réalités et du diocèse de Rome.

Au terme du Chemin de Croix, le pape s’adressera aux personnes présentes et il donnera sa bénédiction apostolique.

Samedi 26 mars, veillée pascale

La veillée pascale aura lieu en la basilique vaticane à 20h30. Le pape François bénira le feu pascal dans l’atrium (narthex) de la basilique Saint-Pierre.

Après la procession d’entrée et le chant de l’hymne de la résurrection, le pape présidera la liturgie de la Parole, la liturgie du baptême d’adultes, et la liturgie eucharistique.

Le Saint-Siège ne précise pas combien d’adultes seront baptisés.

Dimanche de Pâques, 27 mars

Au matin de Pâques, le pape François célébrera la messe sur le parvis de la basilique Saint-Pierre, à 10h. À la fin de la célébration, il donnera la bénédiction « Urbi et Orbi », à la ville et au monde, de la loggia centrale de la basilique.

Cette bénédiction accorde l’indulgence plénière aux baptisés présents ou qui la reçoivent par l’intermédiaire des media, aux conditions habituelles prévues par l’Eglise, notamment de communion et de confession sacramentelles et de prière aux intentions du pape.

La confession lave des péchés commis, c’est absolution. Par l’Indulgence plénière, l’Eglise puise dans les mérites infinis du Christ pour libérer aussi du poids des conséquences du péché.


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

Milan: les fragilités de notre société révélées par les attentats de Paris, par le card. Vingt-Trois

André Vingt-Trois  |  08/03/16
Card. André Vingt-Trois, Milan, 2 mars 2016 (Dialoghi di vita buona), capture

« Nous ne pouvons pas vivre en frères si nous n’acceptons pas d’avoir un même père », explique le cardinal archevêque de Paris, André Vingt-Trois.

Invité par le cardinal Angelo Scola à participer à son initiative « Dialoghi di Vita Buona – Milano Metropoli d’Europa », le cardinal Vingt-Trois s’est rendu à Milan le 2 mars 2016.

Il est intervenu au cours d’une conférence-débat aux côtés de la présidente de la RAI, Monica Maggioni et du président de l’association des industriels de la province de Milan, « Assolombarda », Gianfelice Botturi.

L’archevêque de Paris y a notamment développé une réflexion sur les fragilités de notre société révélées par les attentats de 2015 à Paris.

La vidéo de la conférence se trouve ici, en français, avec une traduction en italien en voix off et sous-titres.

Après avoir parlé des attentats comme « révélateur », il évoque la cohésion nationale et le rôle des religions avant de conclure: « Le progrès du « vivre ensemble » est indissociable de la reconnaissance du fondement transcendant des relations fraternelles entre les hommes et du lien indissoluble entre la reconnaissance de Dieu comme Père universel et le respect dû à chaque être humain. »

Voici le texte complet de cette conférence.

Les chrétiens et le « vivre ensemble »

Permettez-moi d’abord de vous remercier de m’accueillir dans la prestigieuse ville de Milan et de remercier particulièrement Son Éminence le cardinal Angelo Scola qui a bien voulu m’adresser votre invitation. Permettez-moi aussi de vous présenter mes excuses si je m’adresse à vous en français. La langue italienne est trop belle pour que je lui fasse subir un traitement barbare.

Le sujet de notre réflexion concerne le «vivre ensemble» dans la société contemporaine et je voudrais vous partager quelques réflexions inspirées par les attentats terroristes que nous avons vécus en France au cours de l’année écoulée. Ces événements dramatiques concernent directement le « vivre ensemble » dans la mesure où le but affiché par leurs organisateurs qui se réclament de l’état islamique, est de provoquer une fragmentation de la société civile et une méfiance des communautés les unes envers les autres qui devraient conduire, selon leur vœu, à une sorte de guerre civile leur ouvrant les portes d’une domination du soi-disant « califat » sur les démocraties occidentales incapables de préserver leur unité nationale.

  1. Les attentats comme « révélateur ».

Les attentats dont nous avons été victimes en 2015 ont joué un rôle de « révélateur » sur notre vie sociale.

Ils ont d’abord manifesté la précarité et la fragilité de notre sentiment de sécurité collective. Epargné par les guerres depuis plusieurs décennies, notre territoire national se forgeait une mentalité de sécurité absolue que seuls les accidents de la route, les épidémies ou les comportements inciviques pouvaient troubler. Les responsables politiques accentuaient ce sentiment en posant la responsabilité gouvernementale au niveau de la garantie de la sécurité des individus face aux dangers de la vie, y compris dans le domaine de la vie économique. De plus en plus, les gouvernants se laissent assimiler à un rôle de protecteur.

D’autre part, les attentats ont jeté une lumière crue sur les faiblesses de notre système éducatif. Les jeunes acteurs de ces attentats étaient presque tous des français, passés par nos écoles de la République. Ils n’étaient pas spécialement des déclassés économiques ou sociaux. Comment un jour ont-ils pu basculer dans le fanatisme islamique ? A quel vide idéologique ont-ils été abandonnés ? Quelle absence de projet humanitaire a laissé leur générosité en jachère ? Comment leur entourage, familial et social, a-t-il pu rester inconscient de leur désarroi ?

Enfin les attentats ont fait apparaître la pauvreté du patrimoine réellement partagé par les Français. Après l’attentat contre Charlie-Hebdo, on a invoqué la défense des « valeurs de la République ». Mais il n’y a eu que peu d’énoncés sur la substance de ces valeurs. De toute évidence, la liberté d’expression en fait partie, mais comment mesurer jusqu’à quel point ce droit est un absolu ? Faut-il en conclure que le droit à la dérision est devenu l’équivalent de la liberté d’expression ? Après les attentats de novembre dernier, c’est un mode de vie qui a été survalorisé. Faire la fête, vivre à la terrasse des bistrots, serait devenu la cible idéologique de l’Etat islamique parce que c’était aussi devenu une vitrine d’un modèle de vie insouciant… Quand plusieurs millions de nos compatriotes vivent dans une grande précarité économique, quand des milliers de réfugiés vivent dans des conditions inhumaines à Calais et dans les environs, pouvons-nous limiter les ambitions de la République à un genre de vie festif ? Cet écart entre les préoccupations vitales qui devraient concerner l’ensemble de notre pays et une certaine conception libertaire de l’existence pourrait relever du « divertissement » pascalien.

Pour conclure cette première lecture, nous pouvons mentionner trois menaces qui ont été inégalement perçues. Une menace physique dont la réalité continue d’être pressante et qui est prise en compte par des mesures préventives de police et de renseignement. Une menace stratégique qui correspond au projet de fragmenter la société et de pousser les communautés à la guerre civile. Enfin la menace morale qui nous accule à rendre compte de nos valeurs.

  1. L’appel à la cohésion nationale.

Face aux événements dramatiques que nous avons vécus, mais aussi face aux menaces sous-jacentes que je viens d’évoquer, nous avons assisté à des phénomènes d’expression d’une certaine cohésion nationale, soit à travers des manifestations spectaculaires, comme en janvier 2015, soit par des démarches spontanées de recueillement sur les lieux des drames. Il n’y a pas besoin d’être spécialiste en psychologie pour interpréter et pour comprendre ces démarches qui peuvent signifier en même temps le besoin de chacun de surmonter la sidération par des actes symboliques (dépôt de messages, de cierges, etc.) et le besoin collectif de vivre une expression de solidarité et de deuil commun.

Mais par-delà l’émotion puissante qui a suivi les événements, par-delà le besoin de se rapprocher des autres humains dans un moment d’effroi, comment pouvons-nous interpréter ces réflexes de solidarité élémentaire ? Ne sont-ils que la conjugaison éphémère de multiples désarrois particuliers ou expriment-ils vraiment la prise de conscience d’une solidarité plus profonde, la conviction que nous sommes unis par un patrimoine commun et par un projet commun ?

Ces questions nous invitent à poser une question de philosophie sociale et politique sur les éléments constitutifs d’un corps social. Une communauté nationale est-elle le simple agrégat d’une masse d’individus dont les intérêts particuliers coïncident fortuitement, mais qui demeurent profondément étrangers aux intérêts particuliers de leurs semblables? Autrement dit, la République n’est-elle que l’expression politique et l’arbitre des intérêts de chacun ? L’évolution historique de notre société française a été effectivement animée par l’objectif de l’émancipation des individus supposés aliénés par des communautés particulières : Églises, famille, ordres sociaux ou corporations, etc. Mais les structures économiques et traditionnelles de la société, bien qu’elles fussent contestées, permettaient que cet affranchissement, sans doute nécessaire, s’articule avec des solidarités fondamentales qui le pondéraient: le village, la famille, etc.

L’éclatement ou la dilution de ces solidarités fondamentales a marqué tout le vingtième siècle. L’urbanisation et l’industrialisation ont provoqué la fragmentation des fonctions humaines, la dissociation des personnes dans des ensembles déconnectés les uns des autres : par exemple, le domaine du travail, le domaine des loisirs, le domaine de la vie affective. Cette fragmentation a provoqué et amplifié l’isolement et la solitude radicale des individus. La croissance de cet individualisme a été accentuée par le développement de la concurrence ou de la compétitivité en accentuant l’impératif pour chacun de défendre ses intérêts particuliers.

Nous mesurons donc le double défi auquel nous confronte la société actuelle. Premièrement, comment reconstituer un tissu social qui n’abandonne pas les individus à leurs seules ressources face aux risques de la vie ? Deuxièmement, comment formuler et exprimer les objectifs collectifs d’une société qui légitiment de renoncer à certains de nos intérêts particuliers pour le bien commun ou même qui l’exigent ? Et l’on pourrait ajouter un troisième défi : comment nourrir ces deux objectifs l’un par l’autre ?

Il me semble que la réponse à ces questions serait fortement éclairée par une référence, au moins philosophique, à la doctrine sociale de l’Église qui forme depuis le XIXème siècle, un corpus continu et en développement permanent. Cette doctrine s’articule autour de deux impératifs : d’une part, la recherche et la promotion du bien commun et, d’autre part, la promotion des corps intermédiaires. Ce socle de la doctrine sociale de l’Église est d’autant plus important qu’il est intelligible et opératoire en s’appuyant sur la raison humaine, même si elle n’adhère à aucune référence confessionnelle ou théologique. Or, notre culture de pays industrialisé cristallise l’ensemble des éléments de prospective sur les domaines économiques: croissance, compétitivité, maîtrise financière, etc. Et les seuls corps intermédiaires correspondants sont les entreprises industrielles ou la Bourse…

Il est assez difficile de comprendre, dans une société surinformée, que les grands défis dont dépend l’avenir de l’humanité soient ainsi tragiquement ignorés : la préservation des ressources naturelles et la responsabilité de l’avenir de la « maison commune », pour reprendre l’expression du Pape François dans son encyclique Laudato si, mais aussi l’écart tragique entre les niveaux de vie des pays développés et la misère criante d’une grande majorité de nos semblables, mais aussi, à l’intérieur même de nos sociétés, l’indifférence à l’égard de processus de destruction réelle comme les addictions à la drogue ou à la violence routière. Il y aurait bien d’autres exemples de « chantiers » pour lesquels on peut faire appel à la générosité personnelle de nos concitoyens. N’est-ce pas la responsabilité des politiques d’exprimer ces enjeux et d’appeler à l’action commune à travers des grandes « causes nationales ou internationales » ? Encore faut-il que ces appels soient relayés par des groupes sociaux, eux-mêmes décentrés de leurs seuls objectifs. Nous retrouvons ici la responsabilité des Églises, des familles, des syndicats, des municipalités, de l’école, des clubs sportifs et autres.

Il va de soi que toutes les institutions éducatives sont en première ligne pour atteindre cet objectif, et particulièrement l’école. Pour dire les choses de manière caricaturale, la mission première de l’école, -et spécialement de l’école primaire-, est-elle de permettre au plus grand nombre des enfants de partager les objectifs communément reconnus pour prendre plus tard leur part de responsabilité dans la vie sociale ou bien n’est-elle qu’un processus de sélection pour permettre à chacun de se caser dans les meilleurs créneaux de la société de consommation sans se préoccuper de ceux qui n’y trouvent pas leur place ? La première hypothèse suppose une capacité d’enseignement d’un certain nombre de valeurs communes que l’on peut désigner globalement sous le titre large de « morale civique ». La deuxième hypothèse entraîne à réduire la mission de l’école à un apprentissage des disciplines scolaires mais en se mettant en retrait des questions concernant l’éducation des enfants. Certains enseignants expriment cette orientation en disant : « Je suis enseignant, pas éducateur. »

A côté de cette position de neutralité active, il faut se réjouir de voir, comme nous en faisons l’expérience, l’engagement de nombreuses personnes dans divers domaines de la vie sociale à travers le travail associatif qu’il soit lié à l’Église ou à ses associations non confessionnelles. L’avenir nous dira si ces engagements généreux sont les dernières traces d’une philanthropie largement inspirée de la tradition chrétienne. Cependant, je signale aussi comme un fait réconfortant et encourageant que les attentats ont été un révélateur du sens de la solidarité et du bien commun pour un nombre important de jeunes hommes et de jeunes femmes qui se présentent actuellement comme candidats pour entrer dans la police ou l’armée ou les services de secours en expliquant qu’il ont compris qu’ils devaient pouvoir faire quelque chose pour les autres. Ceux-là ont pris conscience que la réaction positive aux événements n’était pas seulement de chercher le maximum de protection individuelle.

  1. La place et le rôle des religions.

Chez nous, les tensions suscitées par les agressions terroristes ont posé d’une manière renouvelée la question de la place des religions dans la vie sociale. Elles l’ont fait d’une manière d’autant plus pressante que, d’une façon ou d’une autre, les actes terroristes se réclamaient d’une inspiration islamique, même si elle est fruste et imprécise.

Pour beaucoup de nos concitoyens, marqués par la sécularisation de la culture collective, les religions ne pouvaient jouer aucun rôle dans la vie sociale pour deux raisons. Premièrement parce qu’elles étaient impuissantes à contribuer au développement du modèle économique libéral de notre société. Deuxièmement parce que les systèmes de croyance devaient être réservés à la sphère de la liberté privée des individus et ne pas interférer avec les décisions collectives supposées « neutres » et sans autre référence que l’arbitrage entre des attentes particulières. Or, la foi, qu’elle soit chrétienne ou autre, introduit dans le débat collectif une référence transcendante qui opère un discernement dans le tissus des désirs spontanés des hommes.

Dans le désarroi collectif que nous avons connu, nous avons pu constater une certaine évolution dans l’approche de la question religieuse. On pourrait dire que le changement principal a consisté à prendre à nouveau en considération l’utilité sociale des religions. Cela ne correspond pas à un changement d’opinion sur la spécificité de la démarche du croyant qui est toujours évaluée comme une démarche privée qui relève des droits individuels. Mais cela correspond à un jugement utilitariste. Dans une société où les groupes particuliers peuvent entraver l’espérance de développer la cohésion nationale, les responsables politiques estiment plus prudent et plus utile de s’appuyer sur des forces pacificatrices que sur des forces conflictuelles. Dans cette perspective, ils attendent des responsables religieux qu’ils développent des relations pacifiques entre eux et qu’ils détendent les possibles conflits entre christianisme, judaïsme et islam.

Si nous pouvons nous réjouir de cette évolution, nous ne devons pas en être dupes. Elle ne signifie pas que nous sommes entrés dans une nouvelle phase de relations institutionnelles. Pour prendre des notions de référence, il ne s’agit pas d’un nouveau concordat. Nous devons surtout être conscients que notre positionnement dans la vie sociale doit être réfléchi et construit selon les critères propres de chaque religion. Pour terminer, je voudrais simplement vous faire part de quelques points sensibles de ce positionnement dans une perspective réellement chrétienne.

Notre compréhension et notre engagement dans le tissu des événements de l’histoire ne relève pas d’abord de l’analyse politique ou stratégique. Ils dépendent de notre regard de croyant sur la totalité de l’histoire. Si nous croyons réellement à la résurrection du Christ, nous sommes conduits et appelés à juger des événements non en fonction de la seule situation présente, mais dans la certitude que le plan de salut de Dieu s’accomplit et aboutira malgré les épisodes dramatiques que nous ne pouvons pas toujours éviter. C’est dire que, sans jamais manquer à la compassion qui est la marque de la mission de Jésus, nous ne pouvons pas nous laisser emporter par la panique et l’anxiété comme ceux qui n’ont pas d’espérance.

Notre expérience, historique et millénaire, de l’Alliance nous apprend que l’appel de Dieu, toujours porté et diffusé par des individus, est adressé à un peuple et que le sujet de la fidélité humaine n’est pas seulement la somme des fidélités individuelles mais le peuple entier, même quand il se perçoit comme minoritaire. Cela veut dire que l’engagement des chrétiens dans l’histoire des hommes ne se réduit pas aux prises de position institutionnelles, si nécessaires soient-elles. Ces appels institutionnels, ou prophétiques pour dire les choses autrement, ont pour fonction de mobiliser le peuple tout entier, de susciter et de nourrir l’action de tous les fidèles dans tous les domaines de la vie sociale.

Ainsi l’Église est appelée à contribuer au « vivre ensemble » non seulement par des appels publics, non seulement par des relations pacifiques avec les autres religions, mais surtout par le signe qu’elle doit donner à travers son expérience communautaire qu’il y a une possibilité réelle de vivre dans la paix. Nos communautés doivent être des signes de relations nouvelles entre les citoyens ou, pour reprendre l’expression du Concile Vatican II « comme le sacrement de l’unité » à laquelle est appelé le genre humain.

C’est ainsi que nous pouvons manifester que le progrès du « vivre ensemble » est indissociable de la reconnaissance du fondement transcendant des relations fraternelles entre les hommes et du lien indissoluble entre la reconnaissance de Dieu comme Père universel et le respect dû à chaque être humain. Nous ne pouvons pas vivre en frères si nous n’acceptons pas d’avoir un même père.

Je vous remercie de votre attention.

+ André cardinal Vingt-Trois Archevêque de Paris

 


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

CCEE et catéchèse en Europe: défis anciens et nouveaux

Rédaction  |  08/03/16
Rencontre des délégués nationaux pour la catéchèse, Malte, 1er-4 mars 2016

Pour le CCEE, la catéchèse en Europe doit relever aujourd’hui des défis anciens et nouveaux. Le changement rapide de nos sociétés, du fait, entre autres, des nouveaux moyens de communication sociale, requiert une approche différenciée.

C’est ce qui ressort de la rencontre des directeurs nationaux pour la catéchèse des Conférences épiscopales en Europe qui se sont réunis à Rabat (Malte) du 1er au 4 mars.

Un échange sur la situation de la catéchèse en Europe, à partir de l’exemple de l’utilisation des nouveaux médias pour la pastorale des jeunes, a mis en évidence les possibilités offertes à la catéchèse par une nouvelle approche du monde numérique.

Bien que les rapports des conférences épiscopales fassent ressortir un cadre très varié, l’objectif de la catéchèse en Europe, dans ses divers aspects et dimensions, reste toujours le même : la rencontre avec la personne de Jésus Christ.

À Malte, vingt-cinq responsables nationaux pour la catéchèse de dix-huit Conférences épiscopales en Europe se sont rencontrés pour échanger sur la situation de la catéchèse, le catéchuménat et l’année de la Miséricorde. La rencontre, promue par la section « Catéchèse, École et Université » – section dirigée par Mgr Duro Hranic, archevêque de Dakovo-Osijek (Croatie) – a constitué la première étape du processus qui conduira les responsables nationaux pour la catéchèse, l’école, l’université, les vocations et la pastorale des jeunes de toutes les Conférences épiscopales en Europe à se rencontrer tous au printemps 2017 pour un Symposium sur l’accompagnement des jeunes dans leur chemin de foi.

À Malte, on a parlé surtout de catéchuménat. Dans ce domaine, la distinction entre première annonce et ré-évangélisation tend de plus en plus à s’atténuer. Dans certains pays, l’augmentation du nombre de catéchumènes est étroitement liée au phénomène migratoire et à celui des conversions. En effet, le nombre de migrants et/ou de réfugiés de religion musulmane qui demandent le baptême ou même seulement de se rapprocher du christianisme par « déception et refus » de leur religion est en augmentation. Ce phénomène est très complexe et a des racines très profondes qui plongent dans la formation de leur identité religieuse. Dans de tels cas, le défi consiste à discerner le véritable chemin de foi de la juste volonté d’intégration ou même de l’espoir que la nouvelle « identité chrétienne » puisse faciliter l’obtention de documents ou le statut de réfugié.

Un autre thème récurrent dans les rapports a été celui de la relation entre catéchèse et identité ecclésiale : au-delà de la préparation aux sacrements et de la transmission du contenu de la foi, la catéchèse est appelée aujourd’hui à investir davantage dans la signification et les modalités de l’appartenance ecclésiale. On a aussi souvent évoqué la question du baptême des enfants à la lumière du document Pastoralis Actio. De nombreux rapports ont souligné le rôle des médias dans la catéchèse, dans la transmission et l’annonce chrétiennes, ainsi que la catéchèse aux personnes porteuses de handicap qui a fait de grands progrès ces dernières années.

Si la paroisse est le lieu privilégié du déroulement de la catéchèse, les rapports font également ressortir l’énorme effort de l’Église pour réaliser la catéchèse dans d’autres lieux.

En l’année de la Miséricorde, les bureaux nationaux ont préparé et rendu disponible du matériel sous diverses formes afin de faciliter la participation à cet événement ecclésial, en particulier pour l’ouverture des « portes saintes » et pour la pratique du sacrement de la réconciliation.

À Malte, la question de la pastorale des jeunes dans un monde numérisé et multimédia a été abordée par une intervention Sr Nathalie Becquart, responsable du service national pour l’évangélisation des jeunes et les vocations (Conférence épiscopale française). L’expert a mis en évidence la variété et la créativité des jeunes-adultes, les « natifs du numérique », en faveur de la pastorale de ceux de leur âge. Les réseaux sociaux et les nouvelles technologies permettent en effet le développement d’un modèle de pastorale participative qui tient compte des changements en cours. L’agent pastoral est aujourd’hui appelé à comprendre sa présence sur le réseau en tant que partie intégrante de sa mission. Il est nécessaire qu’il sache intégrer cette présence dans le monde « virtuel ». Cela comporte non seulement l’appropriation de la « culture de l’écran », mais aussi la « mentalité google » basée sur la relation question-réponse. Du point de vue pastoral, le caractère omniprésent des nouveaux médias et leur emprise auprès des jeunes, définis comme des « individualistes solidaires et collaboratifs » requiert une véritable œuvre d’inculturation fondée avant tout sur l’écoute et un style évangélique 2.0 qui privilégie la coparticipation, la coproduction et la coresponsabilité, où la relation entre catéchiste et jeune n’est pas seulement verticale, mais surtout horizontale. En somme, la catéchèse 2.0 doit tenir compte de l’idée d’Église où la pastorale ne se fonde pas sur une approche territoriale mais sur une approche qui privilégie le réseau. Il ressort de ce débat une grande richesse présente au niveau local bien que le niveau national continue de s’en remettre au site web en tant que lieu de collecte de documents, matériels et propositions. Une approche qui est donc davantage tournée vers l’information que vers la communication et l’évangélisation.

Au cours des travaux, la situation ecclésiale et de la pastorale de la catéchèse à Malte a été présentée par l’abbé Carl Mario Sultana, responsable pour la catéchèse de la conférence épiscopale locale. Sur l’île, célèbre pour sa relation avec Saint Paul, œuvre la Societas Doctrinae Christianae, fondée par St. George Preca et sur laquelle s’appuie en grande partie le travail catéchétique maltais.

Enfin, les participants ont consacré un long temps de réflexion au document de travail pour le prochain Symposium sur l’accompagnement des jeunes dans leur chemin de foi, qui se déroulera à Barcelone au printemps 2017.

Les travaux, dirigés par l’abbé Michel Remery, vice-secrétaire général du CCEE, et par le père Luc Mellet, secrétaire de la section « Catéchèse » de la Commission CCEE, ont vu également la participation de Mgr Franz-Peter Tebartz-van-Elst, responsable pour la catéchèse du Conseil pontifical pour la promotion de la nouvelle évangélisation, et de Mgr Charles Scicluna, archevêque de Malte.


Haut de page |  Envoyer à un ami  | Lire dans le navigateur »

 

Copyright © 2016 Innovative Media Inc.. Tous droits réservés. .


Voulez-vous changer la façon dont vous recevez ces courriels ?
Vous pouvez mettre à jour vos préférences ou vous désinscrire de cette liste